Abandon de poste : est-ce une démission en 2025 ?
L’abandon de poste est une situation à haut risque pour le salarié.
Depuis la réforme issue de la loi Marché du travail, une absence injustifiée peut désormais être assimilée à une démission, avec des conséquences lourdes, notamment la perte du droit au chômage.
👉 En tant qu’avocat en droit du travail à Toulon, je vous explique ce qu’est réellement l’abandon de poste, la procédure applicable et les moyens de contestation possibles.
Sommaire
- Qu’est-ce que l’abandon de poste ?
- Quelle procédure l’employeur doit-il respecter ?
- Le salarié peut-il contester la présomption de démission ?
- 🔍 En résumé
Qu’est-ce que l’abandon de poste ?
L’abandon de poste correspond à l’absence volontaire et injustifiée d’un salarié, qui cesse de se présenter à son travail sans autorisation ni motif légitime.
⚠️ Depuis 2023, l’employeur n’est plus obligé de licencier le salarié pour faute.
Il peut choisir d’appliquer la présomption de démission prévue par les articles L. 1237-1-1 et R. 1237-13 du Code du travail.
📌 Le Conseil d’État a confirmé cette possibilité dans un arrêt du 18 décembre 2024 (n° 473640).
Une conséquence majeure pour le salarié
La démission présumée résultant d’un abandon de poste est assimilée à un chômage volontaire.
➡️ Aucune indemnisation par France Travail (ex-Pôle emploi) n’est alors possible
(circulaire Unédic n° 2025-03 du 1er avril 2025).
Quelle est la procédure à suivre par l’employeur ?
Pour que l’abandon de poste produise les effets d’une démission, une procédure stricte doit être respectée.
Étape 1 : la mise en demeure préalable
L’employeur doit adresser au salarié une mise en demeure écrite, lui demandant :
- de justifier son absence, et
- de reprendre son poste dans un délai déterminé.
🕔 Le délai ne peut être inférieur à 15 jours calendaires.
📄 La mise en demeure est envoyée :
- par lettre recommandée avec accusé de réception, ou
- par remise en main propre contre décharge (rare en pratique si le salarié est absent).
📌 Elle doit impérativement préciser qu’à défaut de reprise du travail ou de justification légitime, le salarié sera présumé démissionnaire
(CE, 18 décembre 2024).
Étape 2 : la réponse du salarié
Pour éviter la présomption de démission, le salarié doit répondre à la mise en demeure.
Il doit invoquer un motif légitime, tel que :
- un arrêt ou un problème médical,
- l’exercice du droit de grève,
- le droit de retrait en cas de danger,
- le refus d’exécuter un ordre illégal,
- le refus d’une modification du contrat de travail imposée par l’employeur.
📌 Ces motifs font obstacle à la démission présumée (art. R. 1237-13 du Code du travail).
Étape 3 : l’absence de réponse du salarié
⚠️ Si le salarié :
- ne répond pas à la mise en demeure, et
- ne reprend pas le travail à l’issue du délai,
➡️ il est présumé avoir démissionné.
Dans ce cas :
- l’employeur coche la case « démission » sur l’attestation destinée à France Travail,
- le contrat est rompu sans indemnités de licenciement,
- le salarié n’a pas droit à l’assurance chômage.
Le salarié peut-il contester la présomption de démission ?
⚖️ Oui.
Le salarié peut saisir le Conseil de prud’hommes pour contester la nature de la rupture.
📌 La procédure est accélérée :
- l’affaire est portée directement devant le bureau de jugement,
- le Conseil de prud’hommes doit statuer en principe dans un délai d’un mois
(article L. 1237-1-1 du Code du travail).
➡️ En pratique, ce délai est souvent dépassé en raison de l’encombrement des juridictions.
🔍 En résumé
Face à un abandon de poste, l’employeur dispose aujourd’hui de plusieurs options :
- appliquer la présomption de démission,
- engager un licenciement pour faute,
- prononcer une sanction disciplinaire,
- envisager une rupture conventionnelle,
- ou, dans certains cas, maintenir le salarié dans les effectifs sans rémunération.
👉 Chaque situation doit être analysée au cas par cas, car les conséquences juridiques et financières peuvent être déterminantes, tant pour le salarié que pour l’employeur.
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Me Anne-Sylvie Vivès,
Avocat en droit du travail et de la sécurité sociale,
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Me Anne-Sylvie Vivès
Avocat au Barreau de Toulon
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Article rédigé par Me Anne-Sylvie Vivès – Décembre 2025