Abandon de poste : est-ce une démission en 2025 ?
Avocat spécialisé en droit du travail

Abandon de poste : est-ce une démission en 2025 ?

  • 23 décembre 2025

L’abandon de poste est une situation à haut risque pour le salarié.
Depuis la réforme issue de la loi Marché du travail, une absence injustifiée peut désormais être assimilée à une démission, avec des conséquences lourdes, notamment la perte du droit au chômage.

👉 En tant qu’avocat en droit du travail à Toulon, je vous explique ce qu’est réellement l’abandon de poste, la procédure applicable et les moyens de contestation possibles.


Sommaire

  1. Qu’est-ce que l’abandon de poste ?
  2. Quelle procédure l’employeur doit-il respecter ?
  3. Le salarié peut-il contester la présomption de démission ?
  4. 🔍 En résumé

Qu’est-ce que l’abandon de poste ?

L’abandon de poste correspond à l’absence volontaire et injustifiée d’un salarié, qui cesse de se présenter à son travail sans autorisation ni motif légitime.

⚠️ Depuis 2023, l’employeur n’est plus obligé de licencier le salarié pour faute.
Il peut choisir d’appliquer la présomption de démission prévue par les articles L. 1237-1-1 et R. 1237-13 du Code du travail.

📌 Le Conseil d’État a confirmé cette possibilité dans un arrêt du 18 décembre 2024 (n° 473640).

Une conséquence majeure pour le salarié

La démission présumée résultant d’un abandon de poste est assimilée à un chômage volontaire.
➡️ Aucune indemnisation par France Travail (ex-Pôle emploi) n’est alors possible
(circulaire Unédic n° 2025-03 du 1er avril 2025).


Quelle est la procédure à suivre par l’employeur ?

Pour que l’abandon de poste produise les effets d’une démission, une procédure stricte doit être respectée.


Étape 1 : la mise en demeure préalable

L’employeur doit adresser au salarié une mise en demeure écrite, lui demandant :

  • de justifier son absence, et
  • de reprendre son poste dans un délai déterminé.

🕔 Le délai ne peut être inférieur à 15 jours calendaires.

📄 La mise en demeure est envoyée :

  • par lettre recommandée avec accusé de réception, ou
  • par remise en main propre contre décharge (rare en pratique si le salarié est absent).

📌 Elle doit impérativement préciser qu’à défaut de reprise du travail ou de justification légitime, le salarié sera présumé démissionnaire
(CE, 18 décembre 2024).


Étape 2 : la réponse du salarié

Pour éviter la présomption de démission, le salarié doit répondre à la mise en demeure.

Il doit invoquer un motif légitime, tel que :

  • un arrêt ou un problème médical,
  • l’exercice du droit de grève,
  • le droit de retrait en cas de danger,
  • le refus d’exécuter un ordre illégal,
  • le refus d’une modification du contrat de travail imposée par l’employeur.

📌 Ces motifs font obstacle à la démission présumée (art. R. 1237-13 du Code du travail).


Étape 3 : l’absence de réponse du salarié

⚠️ Si le salarié :

  • ne répond pas à la mise en demeure, et
  • ne reprend pas le travail à l’issue du délai,

➡️ il est présumé avoir démissionné.

Dans ce cas :

  • l’employeur coche la case « démission » sur l’attestation destinée à France Travail,
  • le contrat est rompu sans indemnités de licenciement,
  • le salarié n’a pas droit à l’assurance chômage.

Le salarié peut-il contester la présomption de démission ?

⚖️ Oui.
Le salarié peut saisir le Conseil de prud’hommes pour contester la nature de la rupture.

📌 La procédure est accélérée :

  • l’affaire est portée directement devant le bureau de jugement,
  • le Conseil de prud’hommes doit statuer en principe dans un délai d’un mois
    (article L. 1237-1-1 du Code du travail).

➡️ En pratique, ce délai est souvent dépassé en raison de l’encombrement des juridictions.


🔍 En résumé

Face à un abandon de poste, l’employeur dispose aujourd’hui de plusieurs options :

  • appliquer la présomption de démission,
  • engager un licenciement pour faute,
  • prononcer une sanction disciplinaire,
  • envisager une rupture conventionnelle,
  • ou, dans certains cas, maintenir le salarié dans les effectifs sans rémunération.

👉 Chaque situation doit être analysée au cas par cas, car les conséquences juridiques et financières peuvent être déterminantes, tant pour le salarié que pour l’employeur.


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Me Anne-Sylvie Vivès,
Avocat en droit du travail et de la sécurité sociale,
accompagne salariés, cadres et employeurs dans toutes les problématiques liées à la rupture du contrat de travail, aux procédures disciplinaires et aux contentieux prud’homaux.

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Me Anne-Sylvie Vivès
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Article rédigé par Me Anne-Sylvie Vivès – Décembre 2025


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